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RÉSILIENCE : QUEL RÔLE POUR LES ENTREPRISES ?

18 mars 2022

Le Cercle de Giverny a lancé le groupe de travail “Résilience : quel rôle pour les entreprises ?”, co-présidé par Olivier Bogillot, président de Sanofi France, et Boris Cyrulnik, professeur associé à l’université de Mons en Belgique, à l’occasion d’un événement autour du thème de la résilience au siège de Sanofi.

“l’échec est la norme, le succès est l’exception ; il est nécessaire de faire preuve de résilience pour rebondir.”

– Olivier Bogillot, président de Sanofi France

Olivier Bogillot, Président de Sanofi France et partenaire historique du Cercle, nous a fait part de l’expérience du groupe en termes de résilience. “Une entreprise ne peut plus se résumer à sa mission”. Monsieur Bogillot considère qu’une entreprise doit s’ancrer dans les territoires et être un acteur engagé dans la société. Sanofi le fait à travers l’accompagnement d’associations de jeunes comme “Télémaque” ou “Sport dans ma ville”. Pour introduire le thème des discussions, il déclare que dans le secteur pharmaceutique “l’échec est la norme, le succès est l’exception ; il est nécessaire de faire preuve de résilience pour rebondir.”

Olivier Bogillot, président de Sanofi France, s’exprime sur la résilience

Les différents intervenants nous ont partagé leur point de vue, travaux de recherche mais aussi leurs expériences face à des contextes de crises.

“Il faut donner une perspective aux collaborateurs et mettre chacun à sa place. La hiérarchie a vécu, c’est la notion d’équipe qui compte.”

– Pierre Bustany, neurophysiologiste et pharmacologue au CHU de Caen

Le professeur Pierre Bustany, neurophysiologiste et pharmacologue au CHU de Caen a expliqué les mécanismes de l’anxiété et les dangers du stress chronique sur notre santé (dépression, maladies auto-immunes, cancers etc.) : “le stress n’est pas innocent, surtout au travail”. Le professeur a insisté sur le fait que les entreprises doivent mettre en place des méthodes pour améliorer le self contrôle. Un environnement de travail qui respecte l’individu “participe au bien être des salariés et à l’efficacité de l’ensemble de l’organisation”. Selon lui, il est fondamental de donner du sens à la fonction de chaque employé, de lui donner une perspective ainsi que de le responsabiliser : “Il faut donner une perspective aux collaborateurs et mettre chacun à sa place. La hiérarchie a vécu, c’est la notion d’équipe qui compte.”. Olivier Bogillot a rappelé que “sans le sens, on n’arrive pas à emmener les gens avec nous”. Un sens que chaque salarié reconnait individuellement dans son travail, mais également un “sens collectif”, maintiennent l’engagement des collaborateurs au projet d’entreprise.

“Dans l’entreprise, l’humour aide à la résolution des problèmes”

– Marie Anaut, professeure de psychologie clinique et sciences de l’éducation à l’université Lumière Lyon-II

Marie Anaut, professeure de psychologie clinique et sciences de l’éducation à l’université Lumière Lyon-II, est intervenue sur le rôle de l’humour en entreprise. “Dans l’entreprise, l’humour aide à la résolution des problèmes”. Selon ses mots, l’humour est à la fois un “vecteur de communication, notamment en cas de conflit”, un “espace de liberté” et un “moyen de soulager les tensions en contrant les effets anxiogènes”. Il permet alors à l’individu d’être plus résilient, de résister à des agressions extérieures. En entreprise, il peut également “désamorcer les situations tendues et alléger le poids du stress”. L’humour peut alors devenir une “stratégie de management”, notamment dans des contextes de travail tendus (à l’hôpital par exemple). Selon Marie Anaut, l’humour ne résout pas les situations problématiques mais permet de mieux les supporter.

 

“On est aujourd’hui victimes de nos propres victoires”. Selon Boris Cyrulnik, l’ensemble des crises auxquelles nous faisons face sont le résultat d’innovations présentant des effets secondaires. Dans ce contexte, “les entreprises devront s’adapter”. L’entreprise est un organisme capable de se métamorphoser à la suite d’une “catastrophe”. En évoquant la crise sanitaire, c’est bien de “catastrophe” et non de crise dont Boris Cyrulnik a parlé, car “nous ne pourrons pas reprendre notre vie comme avant”. Qu’il s’agisse du Covid, de la guerre en Ukraine ou du changement climatique, “nous prenons un virage.”. “L’autorité, la domination, acceptée et quelquefois honorée autrefois n’est plus supportée de la même manière”.

“Nous ne pourrons pas reprendre notre vie comme avant”

– Boris Cyrulnik, professeur associé à l’université de Mons en Belgique

Boris Cyrulnik nous avertit : “Il faut réinventer un nouveau contrat social” qui suppose un équilibre de vie, réclamé par les jeunes générations, mais également un sens au travail. Le professeur plaide pour donner du sens aux efforts, afin de pouvoir se dire que “ça en vaut la peine”. La véritable problématique de l’entreprise, c’est l’usure de ses salariés. Pour maintenir l’engagement en contexte de crise, de “catastrophe”, la notion de sens est la clé.

Boris Cyrulnik, professeur associé à l’Université de Mons en Belgique nous parle de résilience

David Cohen, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, nous a partagé ses réflexions autour du rôle de l’art dans la résilience d’entreprise. Selon lui, “le cerveau est une éponge à environnement, il est pétri de culture”. La culture est alors “ce qui est commun à un groupe d’individus”. L’art permet “de faire rêver, de favoriser l’apprentissage et de développer la confiance en soi”. “L’art contribue à la résilience car c’est une pratique qui propose la promotion de valeurs collectives et universelles”.

“L’art contribue à la résilience car c’est une pratique qui propose la promotion de valeurs collectives et universelles”

– David Cohen, chef du service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière

Fabienne Dulac, présidente d’Orange France, a partagé l’expérience du groupe en matière de résilience. L’entreprise est, selon ses mots, résiliente de nature à travers sa “capacité à maintenir une connectivité quoi qu’il arrive, à surmonter les perturbations”, mais également du fait de son histoire, marquée par des crises. La crise identitaire survenue à la suite de la privatisation d’abord, les crises économiques ensuite, et enfin la “crise des suicides” de 2008. Elle nous raconte qu’Orange a dû se réinventer et renforcer ses remparts financiers, économiques mais aussi améliorer l’accompagnement des employés. “Cette accumulation de crises et tragédies touchait à la santé psychique et physique. (…) Nous avons alors fait appel à des médecins et psychiatres pour nous aider”. Aujourd’hui, selon ses mots, c’est l’engagement et la fierté des collaborateurs et collaboratrices qui fait la force du groupe.

“Cette accumulation de crises et tragédies touchait à la santé psychique et physique. (…) Nous avons alors fait appel à des médecins et psychiatres pour nous aider “

– Fabienne Dulac, présidente d’Orange France

Olivier Bogillot a clôturé les échanges sur ces mots : “Nous avons encore beaucoup de travail avant le Forum de Giverny mais j’espère que toutes nos rencontres seront aussi passionnantes que celle-ci”.

Le Cercle de Giverny dans les locaux de Sanofi France, le 18 mars 2022.

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