Résilience. Ce terme utilisé pour la première fois en 1626 par le philosophe Francis Bacon a été développé par Boris Cyrulnik et connu du grand public dès les années 90. Aujourd’hui surmédiatisé et parfois galvaudé, il reste un processus passionnant pour les entreprises. Cette aptitude à résister aux pressions, cette capacité à survivre, à se développer en dépit de l’adversité, est une qualité devenue vitale pour les entreprises qui affrontent, depuis 2020, une succession de crises sanitaires, économiques et politiques.
La crise de la Covid-19, la guerre en Ukraine, l’inflation et la pénurie de matières premières, bouleversent nos vies, nos modèles de société mais aussi les entreprises. Pour surmonter ces catastrophes, les chefs d’entreprise et les salariés ont dû supporter plusieurs confinements et doivent encore aujourd’hui faire face à de multiples chocs émotionnels, aux incertitudes face à l’avenir, aux nouvelles méthodes de travail et de management. Alors, comment créer un contexte de résilience au sein des entreprises, sur leur territoire d’activité, comment identifier les leviers de résilience ?
Le rôle du chef d’entreprise est essentiel : il doit prendre du recul pour redéfinir les perspectives et l’identité de l’entreprise, fixer un cap tout en étant à l’écoute des collaborateurs, garantir des conditions de travail favorables à l’équilibre du salarié, favoriser la diversité, créer de la cohésion et faciliter l’accès à la culture. En permanence, être agile et s’adapter.
La résilience, facteur d’innovation et de changement ? C’est la conclusion du groupe de travail qui a formulé six propositions à l’attention des dirigeants afin de créer l’entreprise résiliente de demain.
Le mot des co-présidents
Olivier Bogillot
Président
Sanofi France
Boris Cyrulnick
Neuropsychiatre et professeur associé à l’université de Mons en Belgique
Université de Mons
“ Crises, guerres, pénuries… les entreprises doivent aujourd’hui affronter des tempêtes qu’elles n’auraient jamais imaginé devoir traverser un jour. Comment faire face, comment réagir, comment rebondir ? Ces questions qui définissent le processus de résilience sont celles que se posent aujourd’hui les dirigeants d’entreprise qui se battent au quotidien pour la continuité et le développement économique de leurs organisations.
Sur la base de travaux scientifiques de plus en plus précis, nous avons souhaité porter un éclairage pertinent sur le sujet et définir trois types de résilience, essentiels pour la transformation et l’adaptabilité de nos organisations.
En premier lieu, la résilience “de” nos organisations s’incarne à travers un projet d’entreprise fort, porteur de sens. Un sens que doivent communiquer les dirigeants et les managers afin de lutter contre l’installation de l’anxiété chez les collaborateurs.
Une inquiétude qui doit également être combattue “dans” nos entreprises, en partant du constat académique qu’un cerveau anxieux, qui ne parvient pas à évacuer le stress chronique, se verrouille et peut déclencher une dépression chez le salarié touché. Accompagner nos collaborateurs tout au long de leur carrière au travers de la formation, donner du sens à leurs efforts et renforcer le lien entre les équipes per- mettent de lutter contre cette anxiété néfaste.
Enfin, la résilience de nos entreprises ne peut se faire sans prendre
en compte celle des territoires qui les entourent et qui représentent
un écosystème complexe. Cet environnement a un impact sur nos entreprises qui doivent elles-mêmes contribuer à leur développement, à leur dynamisme, à leur pérennité. La résilience “autour” de nos entreprises est essentielle. Pour faire face aux crises et évoluer dans un monde VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity), les entreprises doivent intensifier le dialogue avec les acteurs du territoire et susciter l’engagement de toutes les parties prenantes. ”
C’EST LE NOMBRE d’aidants, en FRANCE, dont 50 % sont salariés.
Source : rapport “Engagement des entreprises pour leurs salariés aidants” 2022 de France stratégie et de la Plateforme RSE
Propositions
1
Former les dirigeants et les managers aux travaux de psychologie comportementale.
2
Donner du sens au projet d’entreprise à travers la mise en place de raisons d’être.
3
Former en continu l’ensemble des salariés afin de leur donner confiance dans leur travail.
4
Mettre en place des fiches emploi dynamiques permet- tant aux salariés de mieux se positionner dans leur organisation.
5
Accompagner les salariés aidants et les salariés vulnérables au sein de l’entreprise.
6
Développer la coopération entre entreprises, associations et collectivités d’un même territoire.