Convaincus du rôle crucial qu’ont à jouer les entreprises dans la transition écologique et sociale, les membres du groupe de travail se sont positionnés en faveur d’une comptabilité multi-capitaux à soutenabilité forte. Elle va plus loin que la comptabilité dite à soutenabilité faible, en ce qu’elle identifie trois capitaux sans admettre de communication entre eux ni donc de compensation mutuelle. Ainsi une dégradation du capital écologique ne peut être compensée par une augmentation du capital social ou économique, mais uniquement par une régénération du capital environnemental dégradé. Les entreprises n’ont alors pas à préserver un stock de capital global, mais chaque stock de capital en tant que tel.
Les dégradations naturelles que l’homme a engendré pour son activité sont considérées par cette comptabilité comme une avance que lui a fait la nature et qu’il convient de rembourser pour régénérer les écosystèmes endommagés. Mettant l’accent sur la notion de biens communs et sur leur nécessaire préservation, cette forme de comptabilité propose ainsi un nouveau paradigme qui permettra aux entreprises d’être à la hauteur des exigences planétaires de plus en plus pressantes. S’appuyant sur les travaux de chercheurs, les expertises de chacun ainsi que les retours d’expérience de différents membres, le groupe de travail a réfléchi à la manière dont cette forme de comptabilité pouvait être déployée et implémentée de façon opérationnelle dans les entreprises.
Les membres du groupe souhaitent que la comptabilité multi-capitaux soit rendue lisible pour les entreprises afin qu’elles puissent s’en servir de manière opérationnelle. Ils encouragent donc le Gouvernement à mettre en place une institutionnalisation qui accompagne la transformation du système comptable. Ce travail de concert permettra ainsi de dessiner le bilan comptable des entreprises de demain, de le rendre accessible par tous (étudiants, entrepreneurs, experts comptables, investisseurs, porteurs de projet), et de le diffuser largement à travers l’ensemble des formations et des dispositifs déjà en place dans le domaine de la finance à impact.
Le mot des co-présidents
Hervé Gbebo
Vice-président
Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables
Catherine Grandpierre
Présidente
Klesia Mut’
“L’urgence de la crise climatique et sociale enjoint plus que jamais les entreprises à prendre concrètement la mesure de leurs impacts sociaux et environnementaux. Si la Responsabilité Sociétale d’Entreprise s’impose comme une évidence, il s’agit désormais de la rendre sincère, efficiente et systémique. Les entreprises doivent pouvoir mesurer efficacement l’impact concret de leurs activités, afin de rendre compte en toute transparence à leurs parties prenantes des résultats obtenus. La comptabilité multi-capitaux propose un nouveau chemin de résilience aux entreprises, en incluant dans leur bilan comptable les capitaux sociaux, environnementaux et financiers, sans admettre entre eux de hiérarchie. Considérer la nature comme un bien à préserver et non à exploiter, c’est ce changement de vision qu’il s’agit d’opérer pour faire advenir un écosystème d’entreprises respectueuses de l’environnement et de la société dans son ensemble. C’est ce que permet cette nouvelle voie de confiance, qu’il est urgent de déployer à toutes les échelles et d’inscrire durablement dans l’ADN de toutes les entreprises.”
L’expérimentation de la méthode CARE a lieu depuis 2018 en région PACA
Avec le soutien de l’ADEME, et avec la participation de grands groupes tels que Carrefour, Auchan ou encore Pernod Ricard.
Propositions
1
Rendre attractive et compréhensible la comptabilité multi-capitaux auprès des entreprises pour les encourager à la mettre en place.
2
Faire évoluer les formations continues aux métiers d’expertise comptable, de direction financière et de management.
3
Faciliter l’implémentation opérationnelle de la comptabilité multi-capitaux dans les entreprises via une démarche pédagogique.
4
Favoriser l’institutionnalisation de la comptabilité multi-capitaux pour permettre l’identification des projets à impact par les investisseurs.
5
Donner aux sociétés à mission les outils pour prouver effectivement leur impact et ainsi obtenir des subventions fléchées.